Vous avez certainement entendu parler du syndrome de l’imposteur. Ce sentiment désagréable vous fait douter de votre légitimité et rejette la responsabilité de vos réussites sur des circonstances extérieures à vous-même. Particulièrement présente dans le monde du travail, l’impression d’être une imposture touche surtout les femmes. À l’occasion des deux ans du podcast Les Mariannes, Priscillia Andrieu, coach pour la carrière des femmes, revient sur les origines de ce syndrome et délivre des clés pour lutter efficacement contre sa peur de tromper.
Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur, ou syndrome de l’autodidacte est un mécanisme psychologique qui génère des sentiments de doute.
Les femmes atteintes de ce syndrome vont ainsi remettre leur travail en question et ne pas s’approprier le crédit de leur réussite. Ce schéma de pensées entraîne de l’incertitude, de l’illégitimité, mais aussi la sensation de ne pas être à sa place et .
En clair, les victimes de ce mal se considèrent comme des impostures et craignent qu’à tout moment, leur tromperie soit découverte. Pire encore, elles ne s’octroient jamais le mérite de leur travail, préférant l’attribuer à la chance, aux circonstances ou à leur entourage. En revanche, chaque échec est automatiquement de leur faute.
Statistiquement, le syndrome de l’imposteur touche plus de femmes que d’hommes. En effet, d’après un sondage réalisé par le magazine britannique The Mirror, plus de la moitié d’entre elles en souffriraient. Sur les quatre mille personnes interrogées, 62 % des femmes indiquent n’avoir jamais eu vraiment confiance en elles au cours de leur vie. 53 % admettent ressentir du doute, de l’incompétence, voire de la sous-qualification. Cette dévalorisation constante est particulièrement présente dans la sphère professionnelle. Pourtant, les femmes qui candidatent à des postes possèdent 70 % à 100 % des compétences requises, là où les hommes n’en comptabilisent que 30 %.
Pourquoi un tel sentiment d’imposture au sein de la gent féminine ?
Dès l’enfance, on apprend aux jeunes filles à se tenir en retrait et au service des autres. On leur inculque des valeurs et des qualités qui seraient soi-disant féminines, comme la discrétion, l’humilité, ou encore, le fait de garder le silence. Le syndrome de l’imposteur découle directement de cette éducation.
Le lien entre le sentiment d’imposture et les croyances
Les croyances limitantes jouent un rôle primordial dans le développement et l’entretien du syndrome de l’imposteur.
Une croyance limitante est une pensée profondément ancrée, dont vous êtes si convaincue qu’elle vous freine dans votre épanouissement.
Par exemple, vous vous répétez sans cesse que vous n’êtes pas une business woman, car vous êtes persuadée que vous ne correspondez pas au mythe de l’entrepreneur à succès. Vous êtes ici la victime de vos pensées négatives. Votre cerveau entretient ainsi l’idée que vous n’êtes pas une femme d’affaires, puisque vous ne ressemblez pas à un Mark Zuckerberg ou à un Steve Jobs. Il va en conséquence chercher à le confirmer. De cette manière, vous sabotez votre réussite et renforcez votre sentiment d’imposture.
Le coaching proposé par Priscilla Andrieu sert à prendre conscience de cette boucle :
- vous réalisez que vous entretenez la pensée selon laquelle vous n’êtes pas une business woman, car vous ne ressemblez pas à telle personnalité à succès.
- Vous prenez conscience que votre cerveau s’évertue à confirmer cette pensée.
- Lorsque vous avez compris ce mécanisme, vous devez vous poser la question suivante : cette croyance me sert-elle ? Si la réponse est négative, demandez-vous par quelle pensée vous souhaitez la remplacer.
Cette problématique implique également celle du role model. Ainsi, certaines personnes que vous admirez et que vous souhaitez imiter sont en vérité la source de vos complexes. Au lieu de vous tirer vers le haut et de renforcer votre confiance en vous, elles détruisent votre estime de soi et vous font vous sentir en échec.
Dans ce cas, l’une des solutions consiste à s’inspirer de personnalités accessibles. Exit les Beyoncé et les Michelle Obama, dont la quintessence parfaite peut finalement rebuter. Inspirez-vous plutôt des femmes de votre entourage, plus accessibles, qui vous élèveront sans exacerber votre syndrome de l’imposteur.
La culpabilité liée au syndrome de l’imposteur
Une des conséquences du syndrome de l’imposteur est la culpabilité. Ce sentiment survient parce que vous ne vous révélez pas à votre plein potentiel, tant votre peur de tromper vous paralyse. Vous vous retrouvez donc dans la situation suivante : votre syndrome de l’imposteur vous empêche d’accomplir certaines tâches ou entraîne une dévalorisation perpétuelle de vos réussites, et vous culpabilisez de vous sentir ainsi.
Gardez toujours à l’esprit que vous faites de votre mieux, et surtout que cette manie du cerveau d’ajouter une douleur supplémentaire est primitive. Identifiez-la pour pouvoir la combattre. D’autant plus que certaines douleurs sont utiles ; toutes ne doivent pas automatiquement être écartées.
Par exemple, vous rencontrez un homme qui ne veut pas de vous. Le sentiment de rejet vous cause de la douleur. Cette dernière est utile : on parle de clean pain. Ensuite, vous vous mettez à culpabiliser. Vous vous répétez que vous êtes une mauvaise féministe, parce que vous avez laissé un homme créer une émotion négative chez vous, alors que ce n’est pas à lui de déterminer votre valeur. Ici, la douleur est inutile : on parle de pain on top of the pain.
Le même mécanisme s’applique au syndrome de l’imposteur. Vous ressentez de la douleur face à une remise en question perpétuelle de vos capacités et de vos compétences, puis vous y ajoutez une douleur supplémentaire en culpabilisant de vous sentir ainsi.
Afin de lutter contre cette douleur inutile, il convient de transformer votre état d’esprit en douceur. En effet, la culpabilité, en s’ajoutant au syndrome de l’imposteur, ne sert à rien hormis créer une souffrance supplémentaire. L’exercice est ici d’identifier cette unnecessary pain et de rationaliser pour ne pas attaquer davantage la confiance en soi.
Le syndrome de l’imposteur — en l’occurrence, syndrome de l’impostrice — est donc un mélange de construction sociale, de croyances limitantes et de culpabilité. Ce sentiment est particulièrement ancré chez les femmes, qui tentent de s’en libérer pour enfin s’exprimer à leur plein potentiel, et surtout, accepter leurs réussites.
Si l’empowerment féminin vous intéresse et que vous souhaitez creuser le sujet, découvrez sans plus attendre la minisérie diffusée mi-avril à l’occasion des deux ans du podcast Les Mariannes.
Lire aussi : Peur de l’échec : la surmonter facilement
Sources
Elle Magazine : Le syndrome de l’imposteur concerne plus d’une femme sur deux selon une étude (https://www.elle.fr/Love-Sexe/News/Le-syndrome-de-l-imposteur-concerne-plus-d-une-femme-sur-deux-selon-une-etude-4121902)
The Miror : Over half of women have experienced imposter syndrome – but half of men have never felt it (https://www.mirror.co.uk/lifestyle/imposter-syndrome-women-doubt-confidence-29627987)
Happiness Thérapies : Croyances limitantes, comment les dépasser
(https://happiness-therapies.com/2019/06/05/croyances-limitantes-definition/)
Passeport Santé : Syndrome de l’imposteur
(https://www.passeportsante.net/fr/psychologie/Fiche.aspx?doc=syndrome-imposteur)